Zui quan

Le Zui quan est un des styles de " Kung Fu " dont les gestes ont été inspirés par une personne ivre. Ses mimes exagérés, ses brusques changements de rythme, ses déséquilibres...



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Art martial chinois

Le Zui quan est un des styles de "Kung Fu" dont les gestes ont été inspirés par une personne ivre. Ses mimes exagérés, ses brusques changements de rythme, ses déséquilibres et ses chutes volontaires, en font une pratique particulièrement déstabilisante pour l'adversaire.

La boxe de l'homme ivre est particulièrement complexe par ses acrobaties et en particulier par la sensation d'ivresse que doit ressentir le pratiquant.

À la fois esthétique et efficace, cette boxe, si ce n'est du côté artistique, reste dans un cercle fermé et est particulièrement peu diffusée.

La boxe de l'homme ivre, dans son expression de combat, peut comporter plusieurs styles et plusieurs enchaînements (ou Taolu, prononcez Traoru) bien différents selon son courant (c'est-à-dire, Shaolin du Nord ou du Sud ou encore d'autres courants qui n'ont pas nécessairement de lien avec Shaolin), et chacun de ces styles représente le style de combat adopté par un des grands maîtres de cette boxe, avec ses spécificités et ses spécialités.

Les maîtres de référence sont nommés les huit immortels, il est envisageable que ces personnages de la culture chinoise populaire et respectant les traditions s'inspire de personne historiques réelles.

La grande particularité du style est de trouver sa force, le courage et la capacité de faire particulièrement mal, dans la faiblesse du pratiquant, par l'utilisation du déséquilibre de son propre corps, et la non résistance aux saisies de l'adversaire mais aussi par l'identification à une personne ivre (on chante en titubant, on tient des propos incohérents, pour désorienter l'autre). L'histoire ne précise pas si l'ensemble des maîtres étaient alcooliques, par contre on les décrit soit comme poètes, voyageurs, sages.

L'un était une femme, son style était particulièrement gracieux et laissait la part belle aux techniques de clé et autres luxations (de l'ensemble des articulations sans exception).

Un autre maître était handicapé, il avait un pied-bot et marchait avec une canne, son style était basé sur le déséquilibre et les techniques de combat et de maîtrise au sol.

Dans ce style, reconnu comme semi-interne…

Le terme Zui Quan

Zui quan (zuì quán / ??) se traduit littéralement par "le poing ivre" au contraire de la traduction fréquemment adoptée boxe de l'homme ivre, étymologiquement, l'adjectif s'applique bien au poing et il n'est nul question d'homme ivre. Cette considération donne un angle de vue totalement différent sur la pratique elle même.

Les huit immortels (BA XIAN)

Ces huit divinités taoïstes sont sept hommes et une femme qui, durant leur vie, acquirent une grande sagesse, mais aussi des pouvoirs magiques, dont celui de l'immortalité. Toujours ivres ou prêts à l'être, ils sont représentés partout, dans les temples et dans les maisons, par les artistes ou par les artisans. Un objet est attribué à chacun ce qui permet de les identifier sans difficulté. Sous les Song, les peintres commencèrent à les représenter en groupe joyeux ; sous les Yuan, ils inspirèrent les auteurs dramatiques ; enfin, au XVIIe siècle, Wu Yuantai rédigea leur histoire dans "Pérégrination vers l'est".

«Ils arrêtèrent leur nuage en bordure du rivage pour observer ce qui se passait en bas : les flots roulaient leurs crêtes écumeuses avec une violence à vous donner le frisson. "Il serait indigne de nos talents d'immortels de traverser cette étendue sur un nuage, lança Lu Dongbin. Nous devrions franchir les vagues chacun sur son objet de prédilection et traverser les flots à l'unique force de nos pouvoirs surnaturels. " Tieguai entra le premier, à cheval sur sa béquille, et il se laissa porter par le flux jusqu'à la rive opposée. Zhongli traversa sur son chasse-mouche ; Guolao, sur sa mule en papier ; Dongbin, sur une flûte ; Xiangzi, dans son panier à fleurs ; Xiangu, sur une nasse de bambou ; Caihe, sur ses cliquettes et Guojiu, sur son insigne de jade.»[1]

La Boxe des Huit immortels ou Boxe de l'ivresse (ZUI BAXIAN QUAN)

L'antiquité connaissait une forme de danse de l'ivresse ZUI WU (selon le JINBI SHILEI), dont s'inspire peut être la boxe de l'ivresse. Celle-ci est signalée pour la première fois dans le QUANJING QUANFA BEIYAO un ouvrage rédigé entre les Ming (1368-1644) et les Qing (1644-1912) qui en transcrit le chant des huit immortels (ZUI BAXIAN QUANGE) Il s'agissait à l'origine de simuler l'ébriété et d'utiliser la souplesse et la décontraction pour combattre en mimant les différentes attitudes qui caractérisent chacun des huit immortels du panthéon taoïste.

Voici un court extrait du chant des huit immortels ivres :

"À première vue, il semble ivre, mais en fait il est sobre ;
Sous l'apparence de cette ivresse on discerne clairement l'état réel.
En fusion, les 8 immortels ne deviennent qu'un. Réunis, leurs points forts et leurs faiblesses, leurs fermetés et leurs souplesses se complètent.
Il inspire et sur une expiration s'incline en arrière et tombe le dos à terre, serrant une jarre dans ses bras ;
Sous l'alcool, Han Zhongli exécute la danse de l'ivresse avec son éventail.
L'immortel ivre Guolao se déplace à califourchon sur sa mule montée à l'envers.
La tête lourde et le pas léger, il semble ivre comme s'il marchait dans la boue ;
Le troisième immortel Xiangzi joue de sa flûte de fer.
N'étant sûr ni de sa gauche ni de sa droite, ne faisant pas de différence entre le haut et la bas ;
Voilà le boiteux ivre, dit Li l'immortel à la béquille de fer.
Celui qui adore faire sonner ses castagnettes, l'esprit mélancolique ;
Cao Guojiu vêtu comme au petit matin exécute sa danse de l'ivresse. […]"

Technique

Ce style comporte huit Taolu : enchaînements à mains nues ; ainsi qu'un taolu pour chaque arme suivante : l'épée (Zuijian), le bâton (Zui Gun), la lance (Zui Mao), le sabre (Zui Dao) et l'éventail (Zui shan).

Chaque enchaînement a une spécificité martiale et un mimétisme différent selon l'Immortel dont il s'inspire. Tantôt les mains et les coudes seront les parties du corps les plus utilisées, tantôt les pieds, tantôt les chutes sont mises en avant, etc.

La personnalité représentée de chaque Immortel rend l'exécution des Taolu particulièrement théâtrale. A titre d'exemple, on distingue clairement le handicap de l'Immortel au pied bot (Li Tieguai)  : son Taolu se pratique en particulier en ne sollicitant qu'une seule jambe, que se soit en marchant, dans les sauts ou bien au sol. Han Xiangzi fait mine de jouer de la flûte tout au long de son enchaînement. Mlle He, l'unique et unique Immortelle du groupe, dont la féminité est clairement exposée dans son Dao Lu, utilise de nombreux déhanchements, une tenue de main typiquement féminine imitant un miroir ; elle a les doigts (grâce à ses ongles) mais également les coudes d'une efficacité redoutable.

Malgré leurs différences, toutes ces formes ont en commun, mis à part leur état d'ivresse évidemment, d'être particulièrement riche en techniques de Qinna (saisies et luxations des articulations), en techniques de coudes, de pieds et de balayages en tous genres. Des mouvements secs, toniques et rapides avec une totale lucidité et précision alternent avec des mouvements de décontraction particulièrement souples et simulant l'ivresse.

Les déplacements, les positions en déséquilibre (Zui Bu ou Zui Tai) et les renversements dorsaux ou latéraux exigent une préparation physique précise, progressive et particulièrement stricte.

Pour ce qui est de l'alcool lui-même, il est illusoire de croire qu'il faut en boire pour obtenir une maîtrise idéale de cet art, comme veulent nous le faire croire les deux films du réalisateur, Yuen Woo Ping (Drunken master I et II). Jackie Chan y exécute avec énormément de talent la boxe ivre des huit Immortels. Tout combattant étant vulnérable sous l'emprise de l'alcool, les Huit Immortels auraient, selon la légende, créé la Boxe de l'Homme Ivre pour faire croire aux potentiels agresseurs qu'un moine complètement ivre était tout aussi redoutable... ce qui était évidemment faux !

Cependant, il peut arriver qu'un maître de Zui Quan demande quelquefois à son disciple de pratiquer après avoir consommé de l'alcool pour expérimenter réellement la sensation de l'ivresse, mais il n'en fait en aucun cas une condition sine qua non de la pratique. Une légère ébriété procure une décontraction physique et un relâchement tout autant gestuel que mental. Les mouvements augmentés par l'ivresse sont exagérés et dépassent fréquemment l'intention que le pratiquant voulait donner. N'oublions pas que l'ivresse doit être simulée et il est dangereux et irresponsable de croire que la pratique de ce style tire quelques avantages à consommer de l'alcool (cela ne peut que nuire à la santé !). Lors de l'exécution des Dao Lu, on doit uniquement avoir ce que les Chinois nomment le Wei Dao, la saveur de l'ivresse. Ceci fait toute la différence entre une exécution de la forme purement esthétique et une exécution idéale dans laquelle se manifeste la force, le Gongfu (compris dans son sens littéral de maîtrise). L'école de la boxe ivre des huit Immortels a continué jusqu'à actuellement malgré un développement resté limité. Les Zui Quan qu'on peut trouver actuellement en Chine Populaire sont des créations récentes plus acrobatiques que les pratiques respectant les traditions et tournées exclusivement vers le spectacle délaissant malheureusement l'art du combat du Zui Baxian Quan. Le plaisir de la pratique y est différent !

Anecdotes

Références

  1. extrait du chap. 48 de Pérégrination vers l'est (Dongyouji ???) de Wu Yuantai, traduit par Nadine Perront

Liens externes

Quelques vidéo qui montrent cette technique à l'œuvre.

  1. http ://www. dailymotion. com/video/xdueo_le-maitre-chinois
  2. http ://www. youtube. com/watch?v=79Xq3bhJs3w
  3. http ://www. youtube. com/watch?v=dFoZHVY-9Gw

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"ZUI QUAN - SHAOLIN DRUNKEN"

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La version présentée ici à été extraite depuis cette source le 08/12/2009.
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